2024

Alexandrine L’Heureux à l’école panafricaine pour astronomes émergents (PASEA)

Alexandrine L’Heureux à l’école panafricaine pour astronomes émergents (PASEA)

L’école panafricaine pour astronomes émergents (PASEA) s’est déroulée du 2 au 6 septembre dernier dans la ville de Monastir, en Tunisie. Organisée tous les deux ans, PASEA est une école d’été pour les enseignant.e.s et étudiant.e.s universitaires africain.e.s démontrant un fort intérêt pour l’astronomie. Le programme, organisé et enseigné par une collaboration internationale dirigée par des scientifiques africains, a pour principaux objectifs d’augmenter significativement le nombre d’astronomes sur le continent ainsi que d’échanger des idées quant aux méthodes d’enseignement.

 Alexandrine L’Heureux, étudiante au doctorat à l’IREx, a rejoint l’équipe d’instructeurs pour l’édition 2024 de PASEA. Elle nous partage ici son expérience.

PASEA 2024

Les participant.e.s devant le Palais des sciences de Monastir, Tunisie. Crédits : Saadi Kaoutar

Pour la première fois depuis sa création en 2013, PASEA s’est tenue dans le nord de l’Afrique, en Tunisie. Une quarantaine d’étudiants et d’enseignants en provenance de ce pays, mais aussi du Maroc, de l’Algérie, de la Libye, de l’Égypte et du Niger se sont rassemblés au Palais des Sciences de Monastir. Les participants étaient séparés dans deux volets d’apprentissage selon leur niveau de connaissances préalables. J’étais pour ma part instructrice au volet « premier cycle », qui vise à introduire la méthode scientifique ainsi que les principaux domaines de l’astronomie. Un volet est également réservé aux personnes diplômées afin de leur faire découvrir des méthodes concrètes d’analyse par la programmation.

L’apprentissage par la recherche

Les étudiant.e.s qui investiguent comment mesurer la distance jusqu’au ballon d’étude. Crédits: Alexandrine L’Heureux

L’une des principales caractéristiques du programme PASEA est son approche pédagogique très pratique. Plutôt qu’enseigner un sujet par une méthode classique, comme une présentation magistrale, les instructeurs encouragent les étudiants à poser et rechercher leurs propres questions. Ce concept a été introduit dès la première journée, lorsque les étudiants ont dû découvrir par eux-mêmes la méthode qu’emploient les astronomes pour déterminer la distance des différents objets se trouvant dans l’espace, par exemple les étoiles. Puisque toute recherche en astronomie repose sur notre connaissance de la distance nous séparant de l’objet ou du phénomène étudié, il s’agit d’une méthode des plus fondamentales. Les étudiants ont ensuite pu l’employer dans le cadre d’un petit projet de recherche sur le sujet de leur choix. En tant qu’instructrice, mon rôle était de chapeauter les groupes de travail en leur suggérant des pistes de réflexion et en aiguillant leur raisonnement.

Les étudiants ont salué l’apprentissage par investigation, affirmant que cette méthode a enrichi leur compréhension et consolidé leurs connaissances. La résolution de problèmes complexes a le bénéfice additionnel de renforcer leur identité scientifique. Une participante témoigne : « J’ai été très impressionnée par le fait que j’ai appris à découvrir des choses de la même manière que les scientifiques ».

Une introduction aux exoplanètes et au télescope spatial James Webb (JWST)

Le programme de PASEA inclut aussi plusieurs présentations sur les différents domaines de l’astronomie : étoiles, cosmologie, radioastronomie, galaxies et exoplanètes. Afin d’engager les étudiants, celles-ci sont ponctuées de questions et de discussions.  

Animation par Alexandrine l’Heureux sur les exoplanètes. Crédits: Jielai Zhang

La présentation sur les galaxies a été réalisée grâce à un enregistrement réalisé par notre collègue Heidi White, une instructrice PASEA d’expérience. Les étudiants ont été introduits aux différentes caractéristiques des galaxies ainsi qu’à l’importance du télescope spatial Webb (JWST) pour comprendre leur formation et évolution. Ils ont ensuite construit un modèle en papier du JWST afin de se familiariser avec les différentes composantes du télescope et leur fonction respective.

De par mon expertise scientifique, ma tâche principale était de concevoir et d’animer les activités sur les exoplanètes. J’ai tout d’abord introduit le domaine en présentant les principales méthodes de détection nous permettant de découvrir et de caractériser ces planètes à l’extérieur du Système solaire. Quelques exemples marquants d’exoplanètes découvertes, telles WASP-76 b et LHS 1140 b, ont également été abordés. Les étudiants ont été particulièrement surpris par les climats extrêmes que présentent les Jupiters chaudes, ces planètes géantes gazeuses orbitant leur étoile en seulement quelques jours. J’ai beaucoup aimé lire le témoignage d’un participant, qui soulignait qu’il avait « aimé la leçon sur les exoplanètes parce que le vocabulaire était facile à comprendre et que l’instructrice a bien présenté les choses.»

Ils ont ensuite pu mettre leurs nouvelles connaissances en pratique en sélectionnant en petits groupes une exoplanète qu’ils souhaiteraient étudier avec le JWST. Suivant l’activité « À la manière d’un.e astronome » de Des exoplanètes à l’école, les étudiants ont rédigé une demande de temps pour justifier en quoi l’exoplanète choisie serait une cible intéressante pour le JWST. Après que chaque équipe ait présenté ses arguments, un vote a déterminé la demande à qui serait allouée le temps d’observation, un processus similaire à celui employé par les observatoires astronomiques partout dans le monde.

Réflexions finales

Participer à PASEA a été une expérience absolument extraordinaire, mais pas sans défi. Je n’avais encore jamais activement pris part à une opération de cette amplitude, encore moins à l’extérieur du Québec. J’ai donc dû préparer minutieusement mon matériel, tout en étant prête à improviser en cas d’imprévus. La langue, par exemple, a été l’un des plus importants défis à relever, l’anglais étant la troisième ou même quatrième langue d’une proportion significative des participants. Devant cette constatation, nous avons dû restructurer rapidement l’horaire afin de laisser du temps pour des traductions. Ma connaissance du français s’est avérée particulièrement utile pour aider les groupes moins à l’aise en anglais.

Les participants m’ont tous fortement inspirée par leur motivation, leur curiosité et leur enthousiasme. J’y ai également connu une équipe incroyable d’éducateurs scientifiques engagés et passionnés. En évoluant à leurs côtés, j’ai pu apprendre de leur expérience tout en contribuant au succès du programme par le partage de mes propres habiletés et ressources.