2024

L’AstroMIL 2023 : Une aventure multisensorielle de l’éclipse !

Le public découvre l'éclipse solaire partielle d'octobre 2023 au Campus MIL de l'UdeM. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
Le public découvre l'éclipse solaire partielle d'octobre 2023 au Campus MIL de l'UdeM. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

La tradition annuelle de l’AstroMIL, une célébration festive de l’astronomie au campus MIL de l’Université de Montréal, est coordonnée chaque année par l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes (iREx) en collaboration avec divers partenaires. Cette tradition s’est poursuivie l’année dernière, le 14 octobre 2023, sous le thème « Clin d’œil solaire », offrant au public une chance unique d’assister à une éclipse solaire partielle et de se préparer à l’éclipse solaire totale, unique en son genre, qui aura lieu dans le sud-est du Québec le 8 avril 2024. L’événement comprenait la distribution d’environ 1000 lunettes d’éclipse au public montréalais, ainsi que de nombreux kiosques d’apprentissage, des activités ludiques, du maquillage et plus encore.

Un nouveau type de kiosque a notamment été présenté, spécialement conçu pour transmettre des concepts liés aux phénomènes astronomiques par le biais d’expériences multisensorielles.

Astronomie sensorielle

Apprendre de plusieurs manières, en utilisant nos sens, aide notre cerveau à mieux comprendre et mémoriser les choses. Cette approche de l’enseignement, appelée « apprentissage multisensoriel », intègre des stimuli auditifs, tactiles et visuels dans les activités. Ce faisant, elle sollicite différentes parties du cerveau humain, offrant aux apprenants de multiples possibilités d’établir des connexions, de comprendre des concepts et de retenir des connaissances. Par exemple, lorsque les enfants font des activités qui impliquent l’ouïe, le toucher et la vue, cela les aide à faire le lien entre le son, la sensation et l’aspect de ce qu’ils apprennent. Cette méthode d’enseignement est utile à tous les apprenants, mais en particulier à ceux pour qui les environnements d’enseignement conventionnels représentent un défi. Dans les salles de classe classiques, il peut être difficile de se concentrer sur l’écoute et la vue, en particulier pour les élèves qui ont des besoins sensoriels complexes.

Bien qu’il ne soit pas possible d’utiliser tous nos sens à chaque fois que nous apprenons, l’utilisation de différents sens rend l’apprentissage (et l’enseignement !) plus intéressant et plus inclusif. C’est vrai pour toute une série de sujets, comme l’astronomie. Saisir les complexités de l’espace est un défi en raison des immenses échelles de temps et d’espace impliquées, qui dépassent de loin les échelles familières de nos expériences humaines. En faisant appel à nos sens – l’écoute, le toucher et la vue – nous pouvons faciliter l’accès des élèves à l’astronomie et leur permettre d’en apprendre davantage sur cet univers étrange et merveilleux que nous appelons tous notre maison.

LightSound

Deux jeunes participants au kiosque sensoriel d’AstroMIL utilisent le dispositif LightSound pour simuler le transit d’une exoplanète. L’ambassadrice de l’éclipse Maria Sadikov, étudiante à la maitrise à l’UdeM, facilite la démonstration. Crédit : Heidi White

Le premier dispositif mis de l’avant à notre kiosque multisensoriel est l’appareil LightSound, créé en 2017, qui sert la communauté des personnes ayant une cécité ou une basse vision en offrant un moyen unique de vivre une éclipse solaire par le son. En convertissant les données d’intensité lumineuse en tonalités musicales, le dispositif permet aux utilisateurs de percevoir les changements lorsque la Lune éclipse le Soleil lors d’une éclipse solaire. Alimenté par une batterie ou une connexion USB à un ordinateur portable, l’appareil peut être connecté à un casque ou à des haut-parleurs pour des expériences individuelles ou collectives. En outre, les données peuvent être collectées et sauvegardées en vue d’une analyse ultérieure lorsqu’il est connecté à un ordinateur.

Les appareils LightSound fournissent une expérience optimale lorsque la quantité de lumière reçue par l’ouverture varie beaucoup. Pour utiliser efficacement ces dispositifs lors de l’éclipse partielle d’octobre à Montréal, l’équipe de l’AstroMIL a mis au point une démonstration où les participants pouvaient simuler des éclipses et des transits à l’aide de lampes de poche et de boules de polystyrène de tailles différentes. Cette démonstration pratique s’est avérée très efficace pour illustrer de nombreux concepts importants liés à ces phénomènes, comme la raison pour laquelle les exoplanètes de grande taille sont plus faciles à détecter par la méthode des transits. À l’aide du dispositif LightSound, les participants ont pu explorer comment les variations de hauteur, représentant les changements d’intensité lumineuse, étaient plus prononcées et plus faciles à entendre avec des objets plus grands (en d’autres termes, des planètes !). L’équipe de l’iREx est très enthousiaste à l’idée de tester ces appareils lors de l’éclipse solaire totale en avril !

Le projet LightSound fournit de la documentation en anglais, en français et en espagnol, et les utilisateurs sont encouragés à explorer des applications créatives et à acquérir leurs propres appareils par le site web de l’initiative.

À l’écoute de l’univers

Un jeune participant regarde une vidéo de données astronomiques transformées en sons, dans le cadre d’un processus connu sous le nom de sonorisation. Crédit : Amélie Philibert, UdeM

La sonorisation des données astronomiques a un impact important sur la façon dont nous apprenons à connaître l’espace. C’est comme donner une voix à l’espace ! Au lieu de nous fier à nos yeux pour regarder des images, nous pouvons écouter les sons des objets et des événements astrophysiques, ce qui rend l’espace plus compréhensible et encore plus passionnant. Cette méthode, appelée « sonorisation », rend les images complexes de l’espace plus faciles à comprendre et ajoute une nouvelle dimension à notre connaissance de l’univers. Elle permet également aux personnes ayant une cécité ou une basse vision d’interagir avec ces images et de percevoir les phénomènes astronomiques par le son.

À notre kiosque de sonification pendant l’AstroMIL, nous avons installé des tablettes avec des écouteurs pour que le public puisse écouter des versions audio d’images astronomiques célèbres. Rassemblées dans une liste de lecture, ces vidéos, disponibles sur des plateformes comme YouTube, couvrent différentes échelles de l’Univers et ont été créées par des organismes d’éducation publique tels que la NASA et SystemSounds. Christopher Teil, récemment diplômé de Polytechnique Montréal, membre d’AstroPoly et bénévole à l’AstroMIL, a même créé une vidéo de sonification pour un modèle d’image imprimée en 3D d’une éclipse solaire totale. Découvrez une éclipse solaire sonifiée en écoutant la vidéo de Christopher :

Livres tactiles et modèles 3D

Les livres tactiles sur les éclipses ont été adaptés pour inclure un texte en français et des étiquettes en braille. Crédit : Heidi White

L’astronomie est un domaine où la quantité de données est… astronomique ! Les missions et découvertes spatiales ont produit une multitude d’images, de clips vidéo et collectent une panoplie d’autres informations grâce à leurs instruments. Ces ressources ont joué un rôle crucial en permettant à la plupart des scientifiques de visualiser, d’interpréter et de cartographier une multitudes de mystères de l’espace, de la surface des planètes à la structure à grande échelle de la toile cosmique. Cependant, un problème se pose pour les personnes ayant une cécité ou une basse vision : comment faire en sorte que ces découvertes soient aussi significatives pour elles ?

Les livres tactiles sont des ressources éducatives conçues pour les membres de la communauté des personnes ayant une cécité ou une basse vision et offrent une approche multisensorielle de l’apprentissage. Ces livres comportent des surfaces en relief, des textures contrastées et des images embossées qui permettent aux lecteurs d’explorer et de comprendre les informations par le toucher. Les éléments tactiles représentent des formes, des objets ou des motifs variés, offrant une expérience tangible qui améliore la compréhension. Dans le contexte de l’astronomie, les livres tactiles peuvent comporter des représentations de corps célestes, de surfaces planétaires ou de concepts astronomiques, ce qui permet aux personnes souffrant d’un handicap visuel d’accéder au contenu scientifique et de s’y intéresser, de favoriser l’inclusion et de rendre les merveilles de l’univers accessibles par le sens du toucher.

Nous avons utilisé les imprimantes 3D de la Bibliothèque des sciences de l’UdeM pour créer un certain nombre de modèles 3D pour notre événement AstroMIL. Crédit : Heidi White

Pendant l’AstroMIL, nous avons personnalisé un livre tactile sur les éclipses originaire des États-Unis, développé par l’Institut virtuel de recherche sur l’exploration du système solaire de la NASA (NASA Solar System Exploration Research Virtual Institute) en y ajoutant des étiquettes en braille français. Ces livres expliquent le système Terre-Lune-Soleil, les différentes configurations d’éclipses et les trajectoires de totalité pour certaines éclipses solaires passées. Lors de notre événement d’octobre, de nombreuses personnes ont trouvé fascinant d’explorer ces phénomènes en utilisant différentes textures et en découvrant les traductions en braille anglaises et françaises des termes astronomiques. Le livre a reçu des réactions tellement positives que notre équipe travaille actuellement à la création de matériel similaire adapté au public canadien.

Nous avons aussi présenté divers modèles 3D, imprimés à la Bibliothèque des sciences de l’UdeM sur le campus MIL, présentant des exemples tels que les faces proche et lointaine de la Lune et le cratère Copernicus. Certains modèles provenaient de bases de données en ligne, comme celle de la NASA, tandis que d’autres avaient été conçus spécifiquement pour l’événement. Maria Sadikov, étudiante en maîtrise et une de nos ambassadrices de l’éclipse, a notamment développé une série de modèles illustrant les phases des éclipses lunaires et solaires. De plus, Érika Le Bourdais, étudiante en maîtrise à l’iREx et aussi ambassadrice de l’éclipse, a créé un modèle 3D révolutionnaire d’une éclipse solaire totale, incluant les protubérances solaires et les filaments coronaux (téléchargez le modèle ici !).

En résumé

L’AstroMIL 2023 a été une incroyable aventure multisensorielle autour de l’éclipse, célébrant l’astronomie sur le campus MIL de l’Université de Montréal. L’intégration d’expériences multisensorielles, telles que celles décrites ci-dessus, illustre l’engagement de l’iREx à rendre l’astronomie accessible et attrayante pour divers publics et met en évidence le potentiel d’approches novatrices en matière de communication et d’apprentissage scientifiques.

Plus d’information à propos des éclipses solaire

Visitez notre page Éclipse pour savoir toutes nos initiatives en lien avec les éclipses solaires, et celle du 8 avril 2024 en particulier!

Plus d’information à propos de l’AstroMIL

L’AstroMIL 2023 est évènement organisé par l’iREx – Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes et l’Université de Montréal, en partenariat avec plusieurs entités de l’UdeM (campus MIL de l’Université de Montréal, la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, bibliothèque des sciences), ainsi qu’avec le Centre de recherche en astrophysique du Québec, l’Observatoire du Mont-Mégantic, l’ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic, AstroPoly, la Fédération des astronomes amateurs du Québec (FAAQ), la Société d’Astronomie de Montréal (SAM), la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal (SAPM), la Société d’astronomie de la Montérégie (SAMO), Bettina Forget (artiste), TSI Outreach, les Éditions Multimondes et la Planck, le café étudiant de physique à l’UdeM.